Cet article appartient à une série d'articles sur une expérimentation menée autour de la prise en charge des déficiences intellectuelles , par le Dr. Roland Broca, dans le cadre d'un institut médico-éducatif, entre 2007 et 2015.
Il convient tout d’abord de définir ce que l’on entend par la notion de soin ; ceci pour faire en sorte d’éviter des élucubrations, souvent source de confusion, quand elles s’émancipent de l’acception médicale qui concerne nos pratiques de soin dans le cadre d’un l’établissement Médico-éducatif.
Le concept de soin renvoie par son étymologie au souci, au souci de l’autre, du prochain, au sens de prendre soin, de prendre soin de l’autre en difficulté ou en souffrance. Pour ce qui nous concerne, dans notre cadre institutionnel, il renvoie, plus explicitement, aux techniques médicales nécessaires à la prise en charge des déficits constatés chez ces enfants et adolescents qui nous sont confiés.
En effet, ils nous sont confiés à partir d’un état originel de maladie physique et non pas de maladie mentale. Que cette maladie soit d’origine génétique, ou neuro- pathologique cet état de maladie affecte le fonctionnement du cerveau. Cette affection engendre des répercussions d’une gravité variable sur le fonctionnement habituel des différentes fonctions de l’organisme : fonction motrice, affectant les mouvements du corps, mais aussi affectant dans certains cas plus spécifiquement l’organe phonatoire et empêchant ainsi l’effectuation de l’oralisation du langage. Mais aussi pouvant affecter l’ensemble des fonctions intellectuelles et des capacités cognitives, provoquant un état dit de handicap mental.
C’est la raison pour laquelle ces enfants ont été dans l’incapacité de souscrire au prérequis permettant de suivre une scolarité normale dans un établissement scolaire de droit commun et ainsi sont orientés, après un parcours initial variable, vers un établissement Médico-éducatif. Un établissement où sera pris en compte l’état de maladie du sujet à travers ses différentes manifestations, par des techniques de soin appropriées à chaque cas, dans sa particularité.
Ces techniques de soin sont dispensées par un certain nombre de personnels, spécialisés dans les différentes disciplines médicales et paramédicales nécessaires à apporter une réponse adéquate aux différents troubles et déficits engendrés par la maladie.
Il faudra aussi tenir compte, nous y reviendrons, au-delà de la prise en charge des déficits, de la souffrance psychique engendrée, aussi bien pour les parents que pour les enfants, par cet état de maladie et de grave handicap qui touche non seulement le domaine des apprentissages mais également tous les aspects, notamment affectifs et émotionnels de l’être au monde.
Tous ces professionnels sont regroupés au sein d’une équipe médicale dirigée, coordonnée et supervisée par un médecin pédopsychiatre. Deux autres médecins interviennent chacun dans sa spécialité, un médecin généraliste et un médecin spécialisé en rééducation fonctionnelle. Ces médecins après un examen approfondi des troubles et déficits présentés par l’enfant établissent un diagnostic et proposent une stratégie de soins qui est mise en oeuvre par les personnels des différentes disciplines paramédicales concernées.
Ces différentes disciplines paramédicales sont les suivantes et sont citées sans souci de hiérarchisation de niveaux de compétence :
- kinésithérapie,
- psycho-motricité,
- ergothérapie,
- orthophonie.
Spécialité qui consiste à prendre en compte des troubles, d’intensité variable, du langage, à l’oral comme à l’ écrit, elle doit adapter ses méthodes à la nature des troubles impliqués dans le handicap mental, notamment prendre en compte des troubles d’une extrême gravité, d’origine neurologique, allant jusqu'à une impossibilité radicale à oraliser le langage. Il faut alors mettre en œuvre des techniques de suppléance, propres à contourner la difficulté.
Psychologie clinique déclinée en un certain nombre d’approches différenciées :
- pratique d’écoute institutionnelle des personnels des groupes éducatifs et pédagogiques,
- accueil et écoute des parents et de la fratrie des enfants accueillis, en collaboration avec le médecin pédo psychiatre,
- pratique de passation de tests d’évaluation neuropsychologique aidant à bien orienter la stratégie de soin en fonction des dysfonctionnements du système nerveux central,
- prise en charge psychothérapeutique individuelle ou en groupe des enfants et adolescents,
- pratique requerrant une formation complémentaire authentifiée.
Ces différentes disciplines médicales, outre leur efficacité intrinsèque, viennent en appui et aident à adapter au mieux les activités pédagogiques et éducatives en fonction de la nature du handicap de l’enfant. C’est dire qu’il existe une connexion étroite entre ces différentes activités dans le but d’optimiser au meilleur étiage les progrès attendus pour ces enfants et adolescents.
Pour aller plus loin : La déficience intellectuelle face aux progrès des neurosciences. Repenser les pratiques de soin