Cet article appartient à une série d'articles portant sur une expérimentation autour de la prise en charge des déficiences intellectuelles , menée par le Dr. Roland Broca dans le cadre d'un institut médico-éducatif, entre 2007 et 2015.
L’objectif que se fixe l’examen neuropsychologique est l’étude des relations entre processus cognitif et fonctionnement cérébral. Chez l’enfant, la maturation progressive du cerveau et le développement depuis la naissance des diverses aptitudes cognitives, justifient la spécificité d’une neuropsychologie du développement. A partir de là on conçoit la nécessité de mettre les faits observés en relation avec l’âge du sujet et de les interpréter dans ce contexte de maturation et de développement. Si on utilise en clinique neurologique un paradigme géologique, on peut dire qu’une agression du système nerveux immature peut être la cause de déficits :
- des fonctions déjà acquises antérieurement ;
- des fonctions sont en cours d’acquisition ;
- des fonctions dont on attendait le développement ultérieur.
Faire la différence entre ces trois niveaux de répercussion d’une agression est la première tâche qui s’impose au clinicien lorsqu’il réalise l’évaluation des aptitudes neurocognitives.
Tant en clinique que lors d’évaluations instrumentales, ce qui importe n’est pas tant le produit final que le processus neurocognitif dont il est l’aboutissement, c’est à dire la démarche du sujet avec ses retours en arrière et ses détours,lors de la réalisation d’une tâche, les erreurs qu’il peut commettre et les stratégies qu’il adopte pour les corriger. Le fonctionnement de l’équipement neuropsychologique du sujet est ainsi apprécié. Des hypothèses sur une aire potentielle de développement peuvent alors être formulées et une approche rééducative spécifiquement adaptée sera finalement définie ( Bernstein et Weber 1990 )
En neuropsychologie clinique infantile, on est amené à considérer de façon schématique trois groupes de sujets :
a) Les sujets qui, après un développement initial normal, ont subi une agression pathologique laissant des séquelles, plus ou moins circonscrites, au niveau de certains systèmes fonctionnels ;
b) Les sujets qui souffrent d’un handicap majeur, d’installation précoce, dans les sphères cognitives ( déficience mentale), motrice ( infirmité motrice cérébrale ) sensorielle, ou parfois dans les trois sphères associées ; comme c’est le cas dans le cadre de certains syndromes d’origine génétique tels le syndrome d’Angelman ou le syndrome de Rett. Dans tous ces cas les épreuves doivent être choisies et interprétées en s’adaptant à l’origine et à la nature du déficit.
c) Les sujets, enfin, qui, sans qu’existe une pathologie neurologique ou psychosensorielle, présentent une difficulté majeure du développement de certaines capacités, comme le langage, la lecture et l’orthographe, ou l’habileté praxique.
Les méthodes utilisées pour l’évaluation appartiennent à diverses disciplines : psychométrie, neurophysiologie, neuro- imagerie . La caractéristique propre de la neuropsychologie est de relier au processus neurocognitif les données obtenues en faisant appel à toutes ces disciplines.
Pour aller plus loin : La déficience intellectuelle face aux progrès des neurosciences. Repenser les pratiques de soin